2035 : l’impossible virage électrique ?

L'Union Européenne a acté la fin de la vente de véhicules thermiques dès 2035. Mais où en sommes-nous exactement ?

Par Philippe Mougeot

Les parlementaires de l’Union Européenne ont voté cette résolution : à partir de 2035 il ne sera plus possible d’acheter un véhicule thermique en Europe. Une décision motivée par des objectifs écologiques dont l’utilité fait l’objet de nombreux débats entre les différents spécialistes du climat. Mais outre l’intérêt avéré ou non d’une telle mesure, le parc automobile disponible et les infrastructures de recharge sauront-ils répondre aux besoins de tous les foyers. Car 2035, c’est demain.

2035 l’impossible virage électrique ?

 

Les émissions de CO2 en ligne de mire

Le passage au tout électrique dans l’automobile a pour but de limiter les émissions de CO2 dans l’atmosphère, et ainsi de réduire notre empreinte carbone afin de préserver l’environnement. Cette intention louable ne peut que faire l’unanimité : qui ne souhaite pas que l’on prenne soin de la planète ?

Mais là où le bât blesse, c’est en termes d’efficacité de cette mesure.

En effet, à l’heure actuelle, le parc automobile européen est responsable de 12 % des émissions de CO2 dans le monde.

« Le passage au tout électrique en Europe permettra de réduire de 2,16 % les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. »

Aire de recharge électrique

Aire de recharge électrique

Ce même parc représente 18 % des automobiles du marché mondial.

Le passage au tout électrique permettra donc de faire disparaître 18 % des 12 % d’émissions de CO2, soit 2,16 % des gaz à effet de serre.

Un chiffre qui semble bien dérisoire pour contrer un quelconque changement climatique (si tant est que le CO2 soit responsable de ce dérèglement, ce qui fait aussi l’objet de débats houleux).

 

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Un calcul qui ne prend pas tout en compte

Si cette économie de 2,16 % de CO2 vous paraît minime, vous n’êtes pas au bout de vos surprises.

En effet, on le sait, une voiture électrique est plus polluante lors de sa fabrication qu’une voiture thermique. Selon les experts, pour devenir plus vertueux en CO2, le « véhicule propre » doit avoir roulé entre 50 000 et 70 000 km. Soit une utilisation moyenne de quatre à sept ans.

« Il faut aussi ajouter la pollution induite par la fabrication de bornes de recharge supplémentaires. »

Tesla Model S 2021

Tesla Model S 2021

De fait, la production des voitures électriques et de leurs batteries met à mal ce chiffre déjà peu glorieux de 2,16 %.

L’UE a annoncé publier un rapport dès 2025 (et le renouveler tous les deux ans) sur la réalité des émissions de CO2 des véhicules électriques, fabrication comprise. Il sera alors possible d’y voir plus clair afin de démêler la réalité des faits de l’optimisme démesuré affiché par certains.

Le coût environnemental du surplus de consommation électrique ne fait pas encore partie de l’équation, mais il pourrait faire pencher la balance, surtout si l’on continue à rouvrir des centrales à charbon pour répondre à la demande.

Aire de recharge Tesla

Aire de recharge Tesla

Une échéance raisonnable ?

« L’Europe a tout fait à l’envers » selon Carlos Tavares, PDG du groupe Stellantis (PSA – Fiat – Chrysler).

« Il aurait donc d’abord fallu travailler sur la production verte d’électricité, ensuite sur le réseau et puis seulement sur les véhicules totalement électriques. Car où est l’énergie renouvelable ? Où est l’infrastructure de recharge efficace ? »

L’homme d’affaires s’inquiète notamment de la concurrence chinoise, en avance sur l’Europe en matière de voitures électriques, qui risque de mettre à mal l’emploi dans l’industrie française notamment. Ce seraient 40 000 emplois qui seraient menacés sur notre territoire, car la voiture électrique exige moins de main d’œuvre pour sa fabrication, et que les postes créés pour la production de batteries ne pourraient pas contrebalancer ce phénomène.

Dans le même temps, le véhicule électrique coûtant plus cher à l’achat, « nous risquons de perdre les classes moyennes qui ne pourront plus acheter de voiture » précise-t-il.

Porsche Taycan 4S Cross Turismo 2022

Porsche Taycan 4S Cross Turismo 2022

Autre point inquiétant, les minerais nécessaires à la production des batteries pourraient venir à manquer.

Outre le problème majeur de l’exploitation des travailleurs dans certains pays pour assurer l’extraction du cobalt et du lithium, ces matériaux pourraient venir à manquer prochainement et créer une pénurie de taille.

Les exemptés de la mesure

Les voitures de prestige bénéficieront d’un sursis.

En effet, les modèles produits à moins de 10 000 exemplaires bénéficieront d’une année supplémentaire de commercialisation, jusqu’en 2036.

Quant aux séries qui sont fabriquées à 1 000 unités maximum, elles ne sont pas concernées par l’interdiction et pourront continuer à être produites avec un bloc thermique.

Audi RS e-tron GT 2022

Audi RS e-tron GT 2022

Le bilan avant l’heure

A la rédaction de Courtage Auto, nous ne sommes ni des experts du climat, ni des spécialistes de l’ingénierie électrique.

Impossible pour nous de dire si cette mesure du tout électrique dès 2035 est pertinente ou non, mais force est de constater qu’elle soulève de nombreuses questions.

Une chose est sûre, l’infrastructure des bornes de recharge va devoir se développer significativement d’ici cette échéance.

Pour l’heure, la voiture électrique fait déjà partie du paysage, et certains modèles font même preuve de performances inattendues à l’image de la Tesla Model S, la Porsche Taycan 4S ou encore l’Audi RS e-tron GT.

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Sources : Automobile-magazine.fr / Capital.fr / Francetvinfo.fr / Lesechos.fr